dimanche 4 novembre 2007

Sauvée

La journée! MA journée! Un don du ciel inespéré: une journée de 25 heures!

Je peux faire la grasse matinée sans culpabilité et en toute impunité car après tout: il n’est pas si tard que ça! Juste à temps en fait pour aller manger au resto du coin avant la fin des rondes de déjeuners. Je peux même pousser l’audace jusqu’à tricoter quelques rangs sans angoisse et sans anticiper que si je ne me grouille pas, tout ça va finir par l’obligation de devoir salir ma cuisine pour assouvir ma frustration d’avoir manqué l’appel des œufs-bacon à temps. Des œufs miroirs, tout ronds, luisants, parfaits et que je n’ai pas eu à faire moi-même? Ça, ça fait plaisir à ma petite-sorcière-tricoteuse-intérieure.

Pourquoi, vous dis-je, qu'ils n’ont pas de scrupules à servir toutes sortes de plats tout aussi bloque-artères les uns que les autres, du genre poutine last-call de 3 heures du mat mais qu’ils refusent obstinément de vous servir des œufs-bacon passé 11 heures le matin? Je crie à l’injustice! Je dénonce l’odieuse ségrégation! Infâme conspiration en soi! Et pourtant, ils ont besoin de bacon toute la journée pour tous ces impies cheeseburgers au bacon qui sont tout sauf cacher. Et ils ont le culot de nous dire en pleine face sans ciller que déroger à ça perturberait le service normal. Big brother contrôle tout je vous dis, semant le désespoir et se complaisant dans les visages fermés, durs et sans joie qu'il engendre. Comment penser autrement quand on refuse aux honnêtes gens le simple plaisir de crever leurs jaunes comme bon leur semble, au début ou à la toute fin, comme quand ils étaient petits et qu’ils jouaient avec ce qu'il y avait dans leur assiette? Je ne leur souhaite pas de finir tous en enfer à faire des œufs-bacon ad vitam aeternam.

Mais passons et réjouissons-nous! Une heure à moi, juste à moi, passée à tricoter avec délices de toutes petites mailles d’une fine et délicieuse laine de bébé sur de toutes petites aiguilles. Jouir des points un à un. LE bonheur.

Et pour tout terminer ça en beauté je vais aller au lit et il ne sera pas si tard que ça!! J’aurai accompli beaucoup et sans me pousser dans le derrière par-dessus le marché. Je peux me complaire dans mon rythme naturel sans stress et sans hâte sans craindre les jugements. Je peux tout car j'ai tout mon temps: j'ai une heure de plus dans la manche!

Demain matin je serai radieuse. Partis les bleus du lundi matin. Pas de grognements ni de soupirs aucuns. Tout sourire. Avec ou sans œufs-mirroirs dans mon assiette.

Ah, si toutes les journées pouvaient être comme ça.

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